A propos de « Sola » de Stéfanie Mango

Toujours à l’affût de découvrir des écritures contemporaines suisses, j’ai été vivement intéressée lorsque Jean Mars m’a adressé le texte de Stéphanie Mango.

L’écriture de cette jeune auteur est déjà très affirmée, le rythme en est vif, les situations intenses, la parole claire.
Elle met en scène une jeune femme (la sorcière) qui vit sa nature en dehors des contraintes de son époque et l’Inquisiteur qui vit et applique la loi des hommes, donc celle de Dieu.
Au-delà de la lutte à mort qui s’engage entre les deux protagonistes, il y a la vie, le désir, deux visions du monde qui s’affrontent et finissent par se rejoindre.
Il y a aussi la part très sensitive de Sola qui ressent et vit le monde plus qu’elle ne l’explique opposée à une approche de la vie déterminée par l’éducation religieuse et le fait d’être un homme.

Ce qui m’a beaucoup intéressé dans la démarche de Stéfanie Mango, c’est qu’elle prend la figure de l’inquisiteur à contre-courant. Il est là pour appliquer « la loi » et pourtant il écoute, s’interroge, se laisse « éclairer » par Sola. L’intégrisme change alors de bord et Sola, en refusant tout compromis, tout mensonge, ira jusqu’au bout pour devenir la damnation de son persécuteur.

La situation se joue dans une époque qui n’est plus la nôtre et pourtant, les questions de l’intégrisme, de l’application des écritures, de la femme dans la société, des contraintes des lois sociales, de la recherche d’un bouc –émissaire restent toujours d’actualité.

Jo Boegli

Le 22 avril 2010

photos Caroline Guignard